Limans :

Ce village qui domine la Laye se situe au cœur du pays de Forcalquier. Il serait du début du millénaire mais en fait il est certainement antérieur, cependant les premiers textes qui le citent datent du XI° s. Mentions nombreuses comme il se doit pour un lieu qui aurait abrité un édifice templier.

Comme tous les villages du département, celui-ci conserve en son sein de très belles demeures anciennes (la plus ancienne remonterait au XIV° siècle) qui s'ouvrent par des portes magnifiquement décorées qui sont certainement des réemplois (Raymond Collier cite dans son ouvrage : «  La Haute Provence monumentale et artistique » la rue du Barri qui possède une porte à trois arcs en accolade s'entrecroisant à leur sommet et dans la rue du château, un linteau marqué d'un arc en accolade et d'une croisette) ; on peut voir aussi quelques vestiges de la muraille du XIV° s. Ses principaux seigneurs furent les Forbin qui le possédèrent de 1608 à 1789.

Son église, dédiée à St. Georges, possède des sculptures encastrées dans le tympan du portail datant du XI° s. et du XII° s., c'est rare de trouver des statues aussi anciennes. Elle a été classée aux Monuments Historiques en 1962. Elle remonterait à la fin du XIV° s. et aurait été la propriété des chanoines de St Mary de Forcalquier. Elle s'enorgueillit de posséder des objets du culte paléochrétiens ; d'après un article de G. Barruol, reprenant une tradition orale, il se pourrait que ces objets de pierre des premiers temps chrétiens proviennent d'une église proche du moulin de Pangon, au bord de la Laye : "St. Vincent", édifice aujourd'hui disparu. Des recherches actuelles ont permis, outre cette église, de trouver traçes de quatre autres : St. Pierre, en ruines, qui domine le village, elle appartenait au chapitre de St. Mary de Forcalquier, St. Georges, St. Hippolyte et St. Marcellin de Ségriès qui daterait du XII siècle et pourrait être localisée près de la ferme du Paty.

Le hameau qui était plus peuplé au milieu du XIX° s. qu'aujourd'hui a deux fontaines ; l'une se trouve au bas du village, l'autre est dans le vieux village, tout près de l'église et se caractérise par son absence de lavoir, elle déverse son eau par trois canons et est décorée de trois têtes à moitié ronger par le temps.

Tout autour de lui et même en son sein, on découvre des pigeonniers (16) restaurés ou non, le plus grand a 15 mètres de haut, date de 1553 et se nomme "Terre du curé Martin"; on se servait des déjections des pigeons nommées aussi colombine pour fertiliser les terres. L'un d'eux abrite un petit musée où sont conservés des outils agricoles du XIX° s. La plus grande partie d'entre eux date du XVI ème et XVII ème. Ils sont orientés au sud pour préserver les oiseaux du Mistral.

On sait qu'au XVIII °s. le traitement des instituteurs était libre. Il percevait une partie de leur salaire délivrée par l'institution gouvernant le village et l'autre donnée par les parents d'élèves ; pour Limans, il était de 50 livres (1714) et l'on faisait une distinction entre les enfants debout (3 sous) et ceux qui pouvaient s'assoir (5 sous). Archives départementale B 2521, repris par R. Collier dans son ouvrage : "La Vie en Haute Provence de 1600 à 1850".

Sur à peu près 300 hectares , la commune héberge un élément de la communauté de « Longo Maï » (= « longtemps encore » en occitan) qui fut installé par Roland Perrot alias Remi qui rencontra Jean Giono. Cette communauté se veut être un élément modèle d'intégration au monde rural.  

Jean-Paul Audibert

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