Banon :
Comme la grosse majorité des villages de Haute Provence, Banon est situé sur une hauteur (760mètres), il est adossé au plateau d’Albion, il domine la vallée du Calavon (Alpes de Haute Provence) ou du Coulon (Vaucluse), la rivière est la même mais avec une appellation différente par département.  Il a un sol sec, l’eau s’infiltre par les failles que le sol calcaire recèle et part vers le village fort connu de " Fontaine de Vaucluse".

Le bourg pourrait tirer son nom d’une montagne au Nord : « le Grou de Bane » qui est situé à une extrémité de la montagne de Lure, mais selon certains historiens, le nom « Banon » viendrait d’un nom propre germanique : « Bano ».
Déjà au temps de la préhistoire, le territoire fut habité ; de cette époque, les ruines d’un oppidum, celui des « Mures » en témoigne. Le territoire de Banon était, alors, une possession des Sogiontii (capitale = Sisteron) fédérés ou plutôt soumis aux Voconces, puissante peuplade qui avait vaincus les Ligures. P. Martel ainsi que d’autres chercheurs signalent un peu partout la présence de tegula (tuiles) montrant ainsi une occupation du sol durant l’époque Gallo-Romaine, d’ailleurs, on a retrouvé les fondations d’une villa ainsi que des tombes à Font-Crémat, lieu où a été trouvé un trésor de 700 deniers.
On a retrouvé de nombreux ossements humains au quartier dit : « Champ Guerrier » qui serait le témoignage d’un combat mais les historiens sont incapables de dire à quelle date il a eu lieu ni qui il a opposé.           
La localité apparait pour la première fois dans les textes au XIe siècle sous la dénomination de castrum Banonum ; c’est dans ce même siècle qu’elle fut fortifiée.
L’origine de la communauté de Banon est fort mal connue mais suivant les écrits d’un curé au XIXe siècle, elle aurait comme origine un appel du seigneur d’alors, Bertrand de Caseneuve, (malgré l’absence de précision, on peut supposer que c’est au Haut Moyen Age) à tous les déshérités de l’endroit de venir s’établir en ce lieu. Une charte fixant les libertés et privilèges du bourg a du, alors être établi à ce moment.
Au Moyen Age, il existait deux paroisses : Banon et le Largue. Selon http://www.bassesalpes.fr/ABFeraud.html, la paroisse du village comprenait Banon même, les quartiers du Plan et Dauban, jusqu’en 1634, cette église paroissiale dépendait de l’abbaye de Cruis.  Pour continuer à parler religion, nous allons voir que Banon possède un exemple typique du style Roman Tardif, il s’agit de la chapelle : Notre Dame des Anges (autrefois, « Sainte Marie du Largue ») au Nord-est du village, elle date du XIIIe siècle pour l’abside, le reste du bâtiment est postérieur, P. Martel et G. Barruol pense qu’elle a été édifiée sur un site Gallo-Romain, elle a été construite sur un espace qui, en fait, est une éminence qui aurait été un oppidum.  Au sommet du bourg ; on trouve l’ancienne église paroissiale qui a pour patron Saint Juste, sans doute édifiée sur l’emplacement de la chapelle du château seigneurial. Elle sert de nos  jours de lieu d’exposition et accueille divers spectacles.

On pense qu’elle fut construite en 1652 comme le laisse à penser la date qui figure sur une arcade à gauche.  Le village va avoir une seconde église situé au pied du village. En effet, les paroissiens trouvaient épuisant de monter la pente d’une colline pour assister aux offices divins, ce nouveau lieu de culte fut consacré en 1911. D’après un livre terrien du XVIIIe siècle (registre des lois et coutumes d’une seigneurie) qui ne fut retrouvé qu’au XIXe siècle, une église placée sous le vocable de Saint Martin aurait existé aux pieds du Chastelard sur la rive droite de la Raille, à l’extrémité Nord-est du territoire de Banon.
Pour continuer à parler d’édifices religieux, il faut évoquer une chapelle au hameau de Dauban, elle remonte à l’année 1769, date qui est sculptée dans le linteau de la porte d’entrée. Elle est rectangulaire, voutée en berceau brisé, avec une petite abside en cul de four. A l’heure où j’écris ces lignes, elle est dans un triste état, servant de débarras. Elle témoigne de la présence d’une population aux abords de Banon.
Avant de s’étendre dans la plaine, Banon fut construit sur une butte où l’on peut voir encore les assises des remparts qui courraient sur 800 mètres, avaient 10 mètres de haut et 1 mètre d’épaisseur. La localité fut fortifiée au XIe siècle comme je l’ai déjà dit plus haut et on y entrait par une porte dont les défenses visibles à l’heure actuelle, ne date que du XIVe siècle. Ce portail n’était qu’un pont-levis doté d’un large fossé devant. A une date postérieure, il fut doté d’une bretèche, c’est celle qui le surmonte de nos jours et permet un classement aux Monuments Historiques depuis 1927. Comme la photo ci-dessous le montre, devant lui, il y a une fontaine (construction = 1783) montrant qu’a cette époque la ville n’avait plus besoin de fortifications, l’eau se trouvant en dehors du bourg médiéval. Cette fontaine qui était aussi un abreuvoir alimentait, par des conduits souterrains un lavoir en contrebas.
  

Vers 1390, comme beaucoup de communes du département, Banon fut pillé par Raymond de Turenne et ses bandes. A ce moment là, Banon faisait partie de la viguerie de Forcalquier et quelque soit le nom donné à son territoire à travers les années, Banon sera toujours lié à Forcalquier. Au Haut Moyen Age, c’était une baronnie qui appartenait à la famille Caseneuve.
Pour continuer notre promenade dans le temps, nous allons parler du château. Tout le monde s’accorde pour dire qu’il devait être une demeure modeste. A la Révolution, il fut incendié et rasé. Il se situait au sommet du bourg là où il y avait un terre-plein qui servait aussi de zone de battage du grain. Le dernier seigneur s’enfuit, au cours de la Révolution, par le chemin de la source des Brieux. Par mariage, il connut de nombreux seigneurs, les Simiane, les Thomas (1696), puis Jacques de Tournon qui releva le nom des Simiane qui s’était éteint quelques années auparavant faute d’héritiers. Son fils, Alexandre de Tournon-Simiane fut le dernier baron.
Durant la Révolution, Banon se vit, en 1790, lorsque la France fut divisée en départements, cantons et autres localisations administratives, être le 6e des cantons qui en comprenaient 9 du district de Forcalquier. En Février 1791, le maire dénonça les quelques prêtres non assermentés de son village puis parmi ceux qui avaient prêtés serments, quatre revinrent dessus. Le curé qui, bien sûr, était assermenté, eut besoin de gardes nationaux et d’un commissaire de district pour accéder à son poste.  En avril 1791, la vente des biens nationaux fut abandonnée faute d’acheteurs. C’est dans une maison construite sur les anciens remparts, rue des Arcades, que les représentants en mission de la Convention, Robespierre Jeune et Ricord, trouvèrent refuge après avoir fui Forcalquier. La localité a eu un député qui siégea au Conseil des Cinq-cents (fin de la Révolution), Palhier de Syvabelle.
Lors du coup d’Etat, en 1851,  du Président de la République, Louis Napoléon Bonaparte qui devint Napoléon III, les Basses Alpes se soulevèrent et 17 habitants de Banon furent condamnés à la déportation en Algérie. 

Il y avait des moulins à vent, ainsi celui qui a laissé quelques traces à la ferme Notre Dame, un, datant du XVIIe siècle, dont les vestiges peuvent être vus au Clos du Gardon.
Dans les temps anciens, Banon avait des vignes et faisait du vin pour sa consommation personnelle et pour les marchés régionaux. De nos jours, il y a deux marchés : le mardi matin et le samedi matin sur la place de la localité, au bas du village médiéval, place de la République ex place de la Fontaine. L’événement marquant de l’année est la Fête de Fromage qui se déroule tout au long de la journée, normal pour un village qui est la capitale du fromage de chèvre, il se passe le troisième Dimanche du mois de Mai, vente d’aliments et artisanat sont présents toute la journée.
Avant le XXIe siècle, chaque ferme possédait quelques chèvres pour la fabrication du fromage de Banon. - Pour de plus amples explication VOIR ICI-.
Pour terminer, un peu de culture. Banon ou plutôt ses environs est le lieu où se passe un roman de Jean Giono : « L’Homme qui Plantait des Arbres », n’oublions pas un roman policier de P. Magnan, « Le Commissaire dans la Truffière ». Et, il ne faut quitter cette localité sans faire un détour par la librairie du « Bleuet » (110.000 référence sur 3 étage), une des librairies les plus importantes de France.
     ----Librairie « Le Bleuet » Avant, après.

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